Premier contact avec le monde spirituel

1er juin 2018, l’aventure commence à Kathmandu, à Thamel plus précisément.

Première balade, au cœur de la ville aux milles couleurs, des échoppes dans tous les sens avec des habits tous plus colorés les uns que les autres.
Après s’être laissé aller au détour des rues de Thamel à la recherche de temples, nous rencontrons Sanjay, un indien étudiant ici à Kathmandu l’art très spécial du mandala Népalais.

Pourquoi est-ce mon premier article ?
Parce que Sanjay est la première rencontre incroyable que nous avons faite et je voulais absolument vous en parler.
Il nous a guidé plusieurs heures en nous répétant que son maître l’incite à régulièrement sortir se balader, aider des gens pour améliorer karma.
C’est ainsi que Sanjay ayant croisé notre route a entamé la discussion avec nous sur la simple interrogation de nos origines et très vite s’en est suivi une visite des temples du coin quand nous lui avons dit que nous les cherchions.
Comme il nous l’a dit « je ne suis pas un guide, nous sommes amis maintenant, je vous fais visiter car j’en ai envie et qu’aider les autres c’est bon pour le karma » cela faisait seulement 5 minutes que nous discutions, un amour ce Sanjay.

Voilà maintenant la vraie raison qui fait de cet article le premier.
Sanjay étudie comme je vous l’ai dit plus tôt l’art de peindre des mandalas depuis deux ans et demi sachant qu’il en faut dix pour devenir un maître et pouvoir signer ses mandalas.
Sanjay nous a fait visiter son école et voulait que l’on rencontre son maître car c’est une personne très sage dont nous devions entendre au moins une fois les enseignements.
Malheureusement celui-ci était occupé mais nous avons eu droit à un cours tout aussi enrichissant par un étudiant plus avancé que Sanjay sur l’histoire des mandalas et de la technique utilisée pour les créer.
C’était un moment unique dans un endroit hors du commun, des mandalas énormes aux couleurs somptueuses et aux détails tellement fins qu’il faut les regarder à la loupe !
Ils utilisent des pinceaux avec un unique poil de yack pour dessiner, c’est très impressionnant.

Hormis leurs belles couleurs et leurs merveilleux détails, ces mandalas sont en fait des aides à la méditation qui agissent en guides spirituels comme pourraient l’être les vitraux dans nos Eglises, racontant une histoire, une morale qui, dans tous les cas, aide au cheminement de la vie.
Une dimension très spirituelle et très douce émane de ces œuvres d’art, lorsque Sanjay et l’étudiant nous expliquaient avec beaucoup de convictions le sens de ces dessins, j’ai senti en moi quelque chose monter, une sérénité et une compréhension très forte qui m’en a collé des frissons pour toute l’heure qui a suivie.

Pour résumer leurs explications, le mandala noir et doré, c’est le OM (ooooooooooooom son de méditation proche de la vibration qui résonne de plus en plus en soi, essayez de faire le son vous même pour voir). C’est une aide puissante pour la méditation yeux ouverts. On se concentre sur le milieu pour s’ouvrir sur le tout, c’est très intuitif et très puissant comme sensation.

Celui d’en bas à gauche, c’est « La Roue de la Vie » The Wheel of Life », divisé en six parties comme on peut le voir, les trois parties du dessus se rapportent au paradis et les trois d’en dessous à l’enfer (réincarnations positives et négatives). Le cercle qui l’entoure représente les différentes activités humaines, le cercle autour du cercle du milieu représente ceux qui accéderont à gauche, en doré, aux trois paradis possibles et à droite en noir les trois enfers possibles, le tout par la réincarnation et le cercle du milieu et ses trois animaux qui respectivement représentent l’ignorance pour le cochon, la colère pour le serpent et le désir pour le coq.
Le grand cercle est tenu soit par Yama dieu de la mort, soit Kala maître du temps, des divinités Hindous.

Le mandala de droite est un design du Dalaï-Lama lui-même, celui-là est plus compliqué que les autres, je ne pourrais pas tout vous raconter précisément.
Il se compose de plusieurs cercles représentant chacun une étape de la vie, des choses à traverser pour arriver sur quatre entrées de temples qui donnent elles même sur quatre autres entrées et encore une fois jusqu’à atteindre le centre qui si je me souviens bien est le Nirvana. Pour finir si l’on médite sur ce mandala, il finit par former une pyramide, imaginez vous prendre le centre entre vos doigts et de le tirer vers le haut et que le tout se déplie tel un grand temple, votre esprit est sensé le faire tout seul en vous concentrant sur ce mandala, incroyable non?

Enfin voilà, pour cette petite virée féerique, sans aucune pression, pas de vente forcée et déguisée sous aucune forme, juste une invitation à faire un don à l’école en achetant des petits formats des mandalas ce que nous ferons à notre deuxième escale à Kathmandu.
Sanjay a continué à nous montrer le coin et nous à inviter chez lui à boire le thé avec sa famille, invitation que nous avons décliné à cause de la grosse pluie signe de mousson et des 30mn de taxi pour y aller, une prochaine fois peut-être !

Toutes les histoires que nous a raconté Sanjay sur les temples, les mandalas, les différentes divinités et coutumes locales nous ont captivés et aussi bien aidés par la suite sur la compréhension du monde qui nous entoure au Népal. C’était une superbe rencontre, un grand merci à lui et à son infinie gentillesse.

Bienvenue au Népal !

Max, barbu de 1ère classe.

 

On nous avait dit de faire attention aux arnaques.

Après avoir éminemment pesté de notre déconvenue, l’ironie de la première grosse arnaque que nous avons évitée ne nous a pas laissés de marbre. On en parle même en rigolant, en fait, on adore la raconter. Elle nous a servi de bonne leçon depuis.

Notre cher ami Sanjay (voir article précédent), nous avait invité à boire le thé chez lui, dans le bidonville indien des plastic tents, près du temple bouddhiste tibétain de Bodnath. Nous avions décliné, à ma demande, il faut dire qu’aller en taxi à 20-30mn dans la direction d’un bidonville avec un « ami » rencontré le jour même – le premier, qui plus est – n’était pas pour m’enchanter. Je nous voyais déjà entourés de nuées de monde nous tirant dans tous les sens, volés, agressés, tués (papa et maman m’ont bien appris qu’on ne suit pas les étrangers et que le monde est dangereux).

En rediscutant le soir, nous sommes toujours en désaccord, Max parle d’une expérience humaine ratée, d’une chance unique ; je parle d’inconscience, de méfiance et de prudence. Mais je finis quand même par m’en vouloir, nous sommes dans l’un des pays les plus pauvres du monde, à quoi pouvais-je m’attendre au juste ? Les gens n’ont-il pas été plus que gentils jusqu’à présent ? Le pire qui nous soit arrivés est encore de payé plus cher qu’on ne le devrait, mais ça fait partie du jeu. Et pouvons nous vraiment nous plaindre de payer moins de 8€ deux repas pour deux chaque jour ? On coupe donc la poire en deux. Et puis, il est vrai qu’il nous a peiné Sanjay avec son histoire de vol de boîte à chaussures offertes par son père, la misère qui en a découlé. Alors oui, nous lui achèterons une shoe box, qu’est-ce que ça peut bien coûter pour nous ? Puis nous le rejoindrons au temple et nous verrons si l’idée du thé dans le bidonville semble plus rassurante. Celui qui ne le sent pas aura toujours le dernier mot quoi qu’il en soit, c’est notre mantra et ça tombe bien, celle qui dit non, c’est moi, pas d’inquiétude donc.

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Je me mets en quête d’un endroit où acheter une boîte de cirage à Kathmandu sur Google. Passées les possibilités de commandes sur Amazon, je tombe sur des articles de blog de voyageurs intitulés « Scam shoe box Kathmandu », « Boîte à chaussure, arnaque, etc… Tout se paie à Kathmandu », en anglais, en français, même en espagnol. Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Alors j’en lis un, plus l’histoire défile et plus le malaise est important, j’interpelle Max : « Lis avec moi ». L’histoire est trait pour trait la même, des touristes rencontre un indien, il s’appelle Rahul ou autre, près de Thamel, il leur fait le tour des temples, les amène à son école d’art, ils passent parfois plusieurs jours ensemble, jusqu’au moment où la plupart vont effectivement prendre le thé chez lui, sous sa tente, avec sa femme et son bébé. En effet les conditions sont précaires, inhumaines, alors les voyageurs proposent de l’aide, de l’argent, car ce qui est peu pour nous est déjà tellement pour eux. Mais il ne veut pas d’argent, non, ce qu’il voudrait vraiment, c’est une boîte à chaussures. Mais où en acheter ? Pas compliqué, le voisin débarque avec une boîte à chaussures, prête à l’achat, amochée et vieillie mais apparemment complète. Comment diable cet homme vivant à côté peut-il arriver à l’instant propice avec l’objet désiré ? Et combien vaut cette boîte alors ? $150. Ah. Nous y voilà. L’équivalent d’un mois de vie modeste mais correcte au Népal, plus que ce que nous avons dépensé pour deux en une semaine, logements et déplacements compris. Insensé. Pas tant que ça.

Les touristes venant visiter le Népal sont, pour leur grande majorité, en quête de treks, d’expériences humaines authentiques et pourquoi pas de bousculer un peu leurs a priori, d’aller rencontrer les « vrais gens », qui vivent la « vraie vie », celle de la pauvreté, des grands oubliés victimes du monde capitaliste, celle de ceux qui ont peu mais sont bien plus heureux que nous, apprendre de vraies leçons de vie. Ceci étant posé, nous nous sentons tous originaux, aventureux et aventuriers, mais il y en a eu des centaines, des milliers avant nous. Et une logique d’arnaque organisée se nourrit de sentiments pareils pour devenir toujours plus créative et imperceptible.

C’est le jeu, nous avons eu de la chance et ne nous y sommes pas fait prendre, ni même briser le cœur comme certains de nos prédécesseurs. Quant à savoir si cet argent bénéficie réellement à la famille ou même aux personnes du bidonville, s’il enrichit une sorte de mafia indienne ou arrive simplement dans les poches des puissants du village de tentes, nous n’en savons rien. Nous chercherons peut-être, plus tard. Il continue de sembler si incongru qu’ils refusent systématiquement de l’argent directement en liquide…

De notre côté nous avons peaufiné notre histoire, notre faux mariage, notre faux court voyage, j’aime à croire qu’on sent mieux les situations où l’on peut faire confiance ou non, mais je suis sûre que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Et puis, il est toujours si drôle de penser à la tête qu’aurait fait Sanjay si nous lui avions effectivement offert une boîte de cirage, achetée pour quelque chose comme R 2500 (= 20€) dans le centre-ville. Ah bon ? Ce n’est pas celle-ci que tu souhaitais ?

Perrine.C

 

On nous avait dit que les népalais étaient gentils et accueillants.

Mais on était loin du compte. Il faut quand même recontextualiser. Quand tu pars en voyage longtemps tes proches s’inquiètent, qui pourrait leur en vouloir ? Cette acception est probablement d’autant plus marquée quand on est une femme – même quand on ne part pas seule. L’éducation fait aussi beaucoup sur la méfiance et l’inquiétude j’imagine (cf. la chute de l’histoire de notre grand pote Sanjay (hyperlien)). Enfin bref, tout ça pour dire que dans ces conditions, commencer par le Népal était probablement notre meilleure idée. Déjà, on ne ressent absolument aucune agressivité ici, cela n’empêche pas d’être prudent mais le danger ne semble pas roder au delà des chiens errants qui nous dissuadent (ça et l’éclairage public hasardeux) de sortir lorsque tombe la nuit. Peut-être que c’est parce que c’est un pays ou le cannabis pousse comme la fougère chez nous mais à part quelques regards un peu insistants (on est européen quand même !), on se sent vraiment à la maison !

Puis il y a les exemples particuliers -mais je suis sûre que je devrais réécrire un (des !) article similaire pour les deux prochains mois- j’aimerais vous présenter deux personnes qui ont fait de nos deux premières semaines un enchantement.
Le premier est notre hôte de l’Homestay Monkey Temple, Prem Lama. D’après ce qu’on comprend c’est sa belle-soeur qui tient le business et lorsque sa maison est pleine il libère des chambres chez lui. Pourquoi on ne pouvait pas mieux tomber en arrivant au Népal ?

– On avait à peine posé nos affaires qu’il nous a invité à prendre l’apéro avec toute sa famille, au programme, Boeuf Sukuti (putain ça piiiiiiiique) et alcool de riz dilué à l’eau (un petit goût de rhum, mais pas fameux quand même), le voilà nous racontant son service dans l’armée népalaise, il voulait nous resservir, resservir, resservir mais nous on avait si faim, si faim, si faim, et Max si sommeil de ne pas avoir dormi du trajet Paris-Dubai-Kathmandu..!

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Vue de Monkey Temple Homestay à notre arrivée chez Prem Lama.

– Notre premier dimanche passé paresseusement, notamment car Max avait choppé une bonne crève, je finis par émerger et vais pour fumer une clope sur le toit. Or, il faut savoir que sortir de notre chambre pour toute autre pièce supposait de passer par la chambre de Prem Lama. Sortant donc je tombe sur Lama et trois autres hommes en train de jouer aux cartes et fumer des clopes assis sur le tapis de la chambre de Lama. Je pensais qu’on avait pas le droit de fumer à l’intérieur ? Oui mais c’est dimanche ! Aaaaaaaah donc le dimanche c’est la folie, on fume, on joue aux cartes, on parie de l’argent youpidiboo ! Il m’invite à m’asseoir avec eux, me file son coussin, je m’installe, il discute avec moi, toujours souriant, prévenant. Il m’offre des cigarettes népalaises, les premières ! Puis sa femme apporte des bols de Thukpa (soupe aux nouilles et légumes épicée, miam !), il m’offre le sien, je décline, mais il insiste, elle va en ramener un ! Ok alors !! Sa femme revient avec un bol en plus, mais Max sort de la chambre, alors Lama lui donne ce nouveau bol et attend un dernier service, c’est délicieux en plus !
– Et puis les cigarettes qu’on a roulé pour lui, les dicussions sur le toit ou entre deux portes, sa gentillesse et son sourire à toute épreuve, tous ses conseils aussi !

Le second, c’est Rohan (et ses grands-parents). Rohan c’est notre sauveur, notre légende, notre ami ! On a rencontré Rohan alors que nous cherchions notre apartment près de Bodnath, à l’est de Kathmandu. Après avoir dû s’arrêter sous une échoppe, le temps d’une averse massive et d’une discussion avec des enfants follement cute, nous sommes approximativement à 200m du lieu d’arrivée. Mais introuvable, on fait la rue dans tous les sens, l’immeuble indiqué sur la carte n’a rien qui indiquerait que nous pouvons y loger. On essaie la grande rue, les gens sont gentils et aidant mais nous indique des directions et distances qui semblent toujours plus loufoques.
Alors en désespoir de cause, on entre dans l’immeuble qui devrait être le bon, Max d’abord. Il tombe sur Rohan, un jeune homme qui nous demande ce que nous cherchons. Nous lui expliquons le problème et Max lui demande si nous pouvons utiliser le wifi pour chercher plus d’information puisqu’il n’a pas l’air d’en savoir plus que nous. Bien évidemment cela ne pose pas de problème. On monte avec lui et on pose nos sacs sur le pallier (oui, ça fait depuis Monkey Temple Homestay qu’on les trimballe en fait). Sa grand-mère nous invite immédiatement à entrer et poser nos sacs à l’intérieur.
En deux temps, trois mouvements, nous voilà installés sur des banquettes en pleine discussion avec Rohan, sa grand-mère nous sert du thé, puis nous propose à manger. Max accepte, du coup elle nous prépare carrément du chowmein (nouilles sautées aux légumes). On est ravi !

 

Rassasiés, Rohan appelle le numéro des appartements et nous propose de nous emmener, après plusieurs appels, nous voilà enfin arrivant au lieu dit, Rohan me souffle qu’il nous a présenté comme des amis de son frère (vivant en UK) car il s’avère que c’est lui qui tient la boutique. Il est tellement sympa, on lui propose de se rejoindre après que nous nous soyons installés pour visiter le temple (oui oui, le fameux temple de la stupa où voulait nous emmener Sanjay).

C’est parti, on repasse le chercher une heure plus tard et on visite la stupa avec lui, façon traditionnelle (tour par la gauche, une fois à l’intérieur puis trois fois de l’extérieur), on fait tourner les immenses moulins à prière ensemble. Il s’agit en fait du temple bouddhiste thibétain le plus sacré du Népal. La place autour est magnifique, ce qui ne gache rien ! Pour la petite histoire, on apprendra plus tard, à Nagarkot, qu’il nous a probablement fait passer par une petite rue car nous aurions dû payer l’accès à cette place.

On lui propose de dîner ensemble, on veut l’inviter car à ce stade là déjà on lui doit une sacrée chandelle. Il nous demande si on veut goûter quelque chose de vraiment épicé, et il nous emmène manger des crèpes de maïs thibétaines assez épaisses fourrées à quelque chose qui ressemble à du tofu et qui arrache la gueule, qu’est-ce qu’on se marre ! On lui raconte Sanjay aussi, il est abasourdi ! Il insiste pour payer et nous offre même des glaces traditionnelles népalaises, au lait et à la noix de coco. A ce stade déjà on a enfreint tous les interdits de nourriture (sauf l’eau !!) que nous avait posés nos proches…! Il se fait tard et on n’a plus très faim pour le dîner, mais rdv demain pour le dej, et c’est pour nous cette fois, non négociable !

Le lendemain on le retrouve donc, on prend le thé avec lui, son grand-père nous explique qu’il récolte les graines de ses fleurs pour les replanter plus tard. Il nous emmène dîner dans un restau super fancy au cadre idylique (un musée vraisemblablement, tout de brique rouge avec de multiples ailes basses et des jardins), le repas est délicieux et la discussion bat sans discontinuer. C’est notre plus grosse dépense depuis le début mais on comprend aisément pourquoi il a choisi ce restaurant et l’appartement de ses grands-parents ainsi que la maison de ses parents nous ont déjà indiqué que sa famille était plutôt aisée. Il nous demande alors si nous serions disponibles pour venir fêter son anniversaire début juillet. Evidemment on accepte ! On a également prévu de revenir lui faire des crèpes lorsque mon frère sera là début août.
Sortis du restau, il nous aide à retirer du liquide (plus compliqué que prévu) et à obtenir une carte SIM népalaise (là aussi compliqué…). On se quitte en se disant à très bientôt un peu la mort dans l’âme…

Les jours suivants, la carte SIM faisant des siennes, il a remué ciel et terre pour qu’elle fonctionne, allant jusqu’à aller engueuler le commerçant. Ayant entendu que Max voulait acheter des mangues, il nous renseigne sur le prix maximum que nous devrions payer. Et tous les jours il s’enquiert de savoir si on ne s’est pas perdu ou s’il ne nous est rien arrivé, il faut dire qu’il nous a franchement recueilli comme des chiens égarés et qu’on lui a raconté qu’il était compliqué pour nous de savoir quand faire confiance ou non. Le jour de notre longue marche, il appelle Max pour savoir si tout va bien.
Bref, Rohan, c’est notre super pote, on espère le voir cette semaine à Bhaktapur, s’il peut faire le déplacement, sinon, on le verra fin juin / début juillet pour son anniversaire, et on sait déjà quoi lui acheter, des figurines d’animés ! Et oui, comme si ça ne suffisait pas, il est fan de mangas et animés, et regarde en grande partie les mêmes que Max !

Perrine C.

De Burhanilkhanta à Nagarkot, 30km, 9h de randonné qui monte vers l’infini.

Avec Perrine nous avions décidé d’utiliser majoritairement le moyen de se déplacer le plus répandu et le moins cher à travers le monde, nos pieds.
C’est ainsi que nous avons parcouru Kathmandu-Bodnath à pied avec nos gros sacs puis Bodnath-Burhanikhanta de la même façon, de petites marches qui nous ont demandé 2h30 chacune maximum à travers la ville puis la cambrousse et qu’est-ce qu’on préfère les chemins de nature !

Après avoir passé trois jours dans notre petite bourgade de Burhanikantha en compagnie de trois américaines en stage dans le centre de soin des animaux du coin qui recueille la plupart des animaux errants et blessés, deux statuts allant souvent de pair malheureusement… et Faith notre amie Singapourienne ancienne journaliste de 43 ans qui n’en paraissait même pas 30 avec qui nous avons eu un longue et très intéressante discussion en particulier axée sur les différences politiques de nos deux pays et le terrorisme en Europe. Une discussion beaucoup trop longue et riche pour vous la raconter ici mais ô combien enrichissante.

Après avoir vérifié notre itinéraire avec Perrine, nous avions choisi le chemin de montagne qui passe par les petits villages plutôt que les chemins de ville qui nous aurait peut être offert le luxe d’un taxi lorsque nous n’en pouvions plus de marcher. Mais nous pensions pouvoir en trouver un dans le dernier village avant notre point d’arrivée, la blague, faut vraiment croire aux miracles pour trouver un taxi dans les montagnes népalaises où les villages ne comptent pas plus de cent habitants. Vous auriez vu l’état des routes de toute façon, c’était utopiste de penser qu’on trouverait un taxi ou un bus sur le chemin. Mais ça nous allions le découvrir au fur et à mesure que l’épuisement s’installait…
C’est ainsi que nous voilà parti à 10h du matin de notre guesthouse où nous embrassions Mama notre si douce hôte une dernière fois. Ah oui, on a pas petit déjeuner parce qu’on est pas très futé aussi…
Première côte bien raide, le soleil cogne, ça y est je me met à pester ne voyant pas le bout de la montée, on parti il y a à peine une heure… On se stoppe au milieu de la montée pour prendre une pause, on est déjà trempé de sueur. Je sors mon enceinte pour animé le trajet d’un peu de musique maintenant qu’on ne fera chier que les plantes et les bestioles, quelques cookies et on est reparti les nuages couvrant le soleil comme pour nous donner le top départ.
On mange les kilomètres sans les sentir au rythme de la musique malgré nos sacs qui deviennent de plus en plus lourds. On s’en fout, les paysages sont tellement beaux, marcher sur les routes sinueuses à travers les montagnes est un vrai délice, on s’émerveille devant chaque point de vue où l’on peut admirer la vallée et ses rizières, quel spectacle !
On croise des Népalais qui travaillent le long des routes ou plutôt des chemins, ils essaient d’en faire des routes mais il y a du boulot encore, merci les chaussures de rando de nous faire croire que les routes sont plates !
On voit les femmes porter d’énormes paniers rempli au choix de graviers, de sable ou de plantes arsonnés sur le haut de leur crâne qui nous font relativiser le poids de nos sacs.
Tous nous font de grands sourires et nous saluent « Namaste », certains s’enquiert d’où nous allons, on se rend compte que peu de touristes doivent faire ce chemin pour se rendre à Nagarkot et nous devenons un peu l’attraction des villages, les enfants en particuliers nous regardent avec de grands yeux piqués d’une grande curiosité surtout lorsque nous nous sommes arrêtes près d’une source d’eau pour se rafraîchir et mettre un pansement sur le petit orteil de ma chérie qui arborait une petite ampoule au bout de 4h de marche. Une petite photo avec eux et nous voilà reparti !

Parmi le décor « se cachent » des plantes énormes de Cannabis, partout le long des routes, ici comme dirait Perrine, « ça pousse comme la fougère », on comprend vite pourquoi les hippies des années 60 venait au Népal et c’est aussi pourquoi cette plante bien que poussant partout librement au Népal est devenue illégale suite aux abus des occidentaux ne venant quasiment que pour ça, il y a de ça quelques décennies maintenant.
Autre parfum enivrant que celui de l’herbe magique, nous pouvons voir et sentir les immenses fleurs de Datura, une plante dont les immenses fleurs jaunes/orange dégagent un parfum de paradis. C’est un plaisir que d’arpenter ces routes, on se sent privilégié.
Nous croisons la route de quelques insectes haut en couleurs que j’appelle Pokémon, je les capture avec mon téléphone pour agrandir mon Pokédex des créatures hors du commun que nous croisons régulièrement, c’est mon âme d’enfant, fan de bestioles en tout genre qui reprend le dessus lorsque je voyage.

Voici maintenant environ 6h que nous marchons, le sac commence à se faire plus que lourd, les épaules et les hanches ainsi que les jambes souffrent beaucoup, seule la volonté et l’illusion d’un hypothétique taxi au dernier village nous permettent d’avancer avec le sourire sauf que…
On y est, voici le dénivelé interminable qui commence. Autant le plat c’est super, on avance bien sans trop sentir les kilomètres déjà parcouru autant sur les routes défoncées qui grimpent à bien 50%, c’est de quoi nous achever c’est sûr. On passe en mode survie.
On oublie qu’on a mangé en tout et pour tout 7 cookies chacun depuis hier soir (oui on est débile), qu’il nous reste environ 2h de marche en montée et que nos sacs pèsent le poids d’un mort et on monte machinalement la côte sinueuse qui n’en finit plus mais alors plus du toooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooout !
A ce stade la Perrine, ne parle plus, ne répond plus à mes blagues et râle presque lorsque je l’arrête dans sa course pour regarder les paysages somptueux qui s’offrent à nous maintenant que nous sommes assez haut au point d’être au niveau des nuages.
A cette hauteur (2000+m), le soleil commençant à descendre, on assiste à un merveilleux ballet entre nuages, soleil couchant, vallées et montagnes, c’est magnifique à en faire chanter les muets.

7h de marche environ 25km parcouru, on arrive sur le petit chemin sur google maps qui coupe à travers la forêt/jungle tout droit vers notre point de destination, il nous évite un grand détour passant par le fameux petit village où l’on espère encore un taxi bien qu’ayant croisé que des motos sur cette route défoncée, nos espoirs se font minces mais ils nous font aussi avancer mine de rien.
On s’arrête dix minutes au bord des marches qui s’enfoncent dans la jungle pour respirer, boire, se regarder droit dans les yeux où l’on pouvait lire l’amour, la joie et le terrible J’EN PEUX PLUS JE SOUFFRE ! On est trempé jusqu’aux os de sueur, je pense qu’on n’a jamais sué autant mais aussi qu’on a jamais été aussi content d’être si éprouvé, faut dire que ça vaut le coup d’œil cette route de montagne, l’effort n’est pas vain c’est une certitude.
On gravit les quelques marches et à notre surprise, on arrive sur des cultures, pas de chemin en perspective, le soleil commence à être dangereusement bas, il faudrait arriver avant la nuit !
On fini par s’enfoncer sur ce qui paraît être le chemin sans aucune certitude, est-ce une bonne idée ? Non ça ne l’est pas mais l’idée du détour nous fait pâlir d’avance, on est à bout. Mais au bout d’un bon quart d’heure dans la jungle, le chemin est de moins en moins visible et escarpé, on descend et on sent qu’il faudra remonter à un moment ou un autre et l’idée de se perdre dans la forêt népalaise à la tombée de la nuit nous effraie, on finit par faire demi-tour après avoir croisé les ossements d’une vache visiblement dévorée par on-ne-sait-quoi.
Enfer et damnation, on rebrousse chemin pour reprendre la route qui grimpe sans discontinuer, je ne sens plus mes fesses, Perrine ne sent plus ses hanches, on est bien.
On se met à prier de se faire prendre en stop par n’importe quel véhicule, mais c’est utopique et ils vont tous dans le sens inverse au notre.
Arrivé au petit village où l’on pensait pouvoir peut être trouvé un taxi, je demande à une auberge s’il est possible d’en trouver un et le gérant nous annonce un simple mais dévastateur « Impossible, no taxi here, Nagarkot not far 1h left » oui mais nous ça fait 8h qu’on marche, on est foutu de chez foutu et on sait qu’on a pas le choix d’arriver à notre destination car l’hôtel vient de nous appeler savoir si nous venions toujours car il se fait 18h et nous n’y somme toujours pas…
Cette dernière heure nous paraît inteeeeeeeeerminable, ça y est on est arrivé au point où ce n’est plus franchement amusant, ça monte toujours, sans arrêt, nos sacs pèsent le poids du monde, on songe même à les jeter sur le bord de la route mais miracle ! On trouve un hôtel perdu à environ 1 ou 2km du nôtre avec des voitures stationnées devant.
On se dit qui ne tente rien n’a rien, je vais essayer de demander un ride jusqu’à notre hôtel quitte à payer, à ce stade, c’est ça ou on meurt dans nos têtes.
Un couple de népalais s’apprête à monter dans leur 4×4 juste devant moi, je leur demande alors s’ils vont vers notre hôtel et oui, il y vont et acceptent de nous prendre avec eux, il faut dire que vu nos tronches de bout de la vie, c’était difficile de nous laisser là !
Pas vraiment jusqu’à notre hôtel mais même 100m de moins à parcourir sur cette maudite route (oui parce que ça y est, elle est maudite pour nous au bout de 9h), ils acceptent de nous emmener jusqu’à Nagarkot où se trouve notre hôtel car eux même sont à la recherche d’un endroit où dormir et qu’il y a pas mal d’hôtels autours du notre.
Ce sont nos héros, on fait les dix dernières minutes dans leurs voitures sur des routes étroites et escarpées où lorsque deux voitures se croisent c’est un peu comme si l’on voyait notre vie défilée étant persuadé que nous allions finir dans le ravin.
Les népalais conduisent avec une précision hors du commun sur ces petites routes, c’est très impressionant, les voitures passent à un millimètre les unes des autres et du vide également. Ca fait assez peur mine de rien, on a fait la même en bus pour repartir de Nagarkot à Bhaktapur, c’était encore pire vu la taille du bus mais on vous racontera ça plus tard.

Nous voilà arrivés à l’hôtel, exténués, des douleurs partout, on sent plus nos épaules, fesses et hanches mais surtout nos pieds. Pauvres pieds tout écrasés dans nos grosses chaussures, marcher est un supplice, certains de nos orteils enrobés de pansements pour les ampoules, on a survécu et on y est, il est temps de retirer nos habits, aller sous la douche (huuuum ouiii une douche, mais quel luxe après cette marche) puis de manger même si nos ventres tellement vides ne sentent plus vraiment la faim.
Petite anecdote rigolote : Lorsque Perrine enleva ses chaussures et chaussettes, je vois un petit truc noir tomber sur la moquette… mais qu’est ce donc ? Oh ! Mais ça bouge !
Bordel ! C’est une sangsue, un petit ver noir avec juste un bouche cauchemardesque !!! Elle s’est surement faufilée lorsque nous avons mis son pansement ou lors du petit raccourci (qui n’en était pas un) à travers la forêt…
Grosse et dodue (10 bon centimètres de long pour 2cm de large) elle avait eu le temps de bien pomper Perrine qui nous tartinera le sol de la douche avec son sang coulant à flot de la si petite plaie que lui à faite la sangsue.

Marque de la sangsue

Nous voilà propre, marchant sur des œufs tellement nos pieds nous font mal, un bon repas servi qu’on peine à manger tellement nos corps se sont conditionnés pour l’interminable marche, direction le lit pour s’écrouler de fatigue, satisfaits et fiers de notre performance.
Notre équipe du tonnerre à tenu bon avec le sourire sur plus des trois quarts de la randonnée, des paysages pleins les yeux, pleins la tête, on est heureux, perché sur notre flanc de montagne dans notre chambre, ravi d’être arrivé et d’avoir pris trois jours mérités pour se remettre de cette expédition dans le calme et la sérénité que peuvent offrir les vallées et montagnes de Nagarkot dont les levés de soleil sont célèbres et pour s’être levé ensuite à 5h du matin pour en profiter nous on fait réaliser la chance que nous avions d’être là.

A vous les studios !

Max, barbu de 1ère classe.