Avec Perrine nous avions décidé d’utiliser majoritairement le moyen de se déplacer le plus répandu et le moins cher à travers le monde, nos pieds.
C’est ainsi que nous avons parcouru Kathmandu-Bodnath à pied avec nos gros sacs puis Bodnath-Burhanikhanta de la même façon, de petites marches qui nous ont demandé 2h30 chacune maximum à travers la ville puis la cambrousse et qu’est-ce qu’on préfère les chemins de nature !
Bodnath to Burhanilkantha
Bodnath to Burhanilkantha
Bodnath to Burhanilkantha
Après avoir passé trois jours dans notre petite bourgade de Burhanikantha en compagnie de trois américaines en stage dans le centre de soin des animaux du coin qui recueille la plupart des animaux errants et blessés, deux statuts allant souvent de pair malheureusement… et Faith notre amie Singapourienne ancienne journaliste de 43 ans qui n’en paraissait même pas 30 avec qui nous avons eu un longue et très intéressante discussion en particulier axée sur les différences politiques de nos deux pays et le terrorisme en Europe. Une discussion beaucoup trop longue et riche pour vous la raconter ici mais ô combien enrichissante.
Après avoir vérifié notre itinéraire avec Perrine, nous avions choisi le chemin de montagne qui passe par les petits villages plutôt que les chemins de ville qui nous aurait peut être offert le luxe d’un taxi lorsque nous n’en pouvions plus de marcher. Mais nous pensions pouvoir en trouver un dans le dernier village avant notre point d’arrivée, la blague, faut vraiment croire aux miracles pour trouver un taxi dans les montagnes népalaises où les villages ne comptent pas plus de cent habitants. Vous auriez vu l’état des routes de toute façon, c’était utopiste de penser qu’on trouverait un taxi ou un bus sur le chemin. Mais ça nous allions le découvrir au fur et à mesure que l’épuisement s’installait…
C’est ainsi que nous voilà parti à 10h du matin de notre guesthouse où nous embrassions Mama notre si douce hôte une dernière fois. Ah oui, on a pas petit déjeuner parce qu’on est pas très futé aussi…
Première côte bien raide, le soleil cogne, ça y est je me met à pester ne voyant pas le bout de la montée, on parti il y a à peine une heure… On se stoppe au milieu de la montée pour prendre une pause, on est déjà trempé de sueur. Je sors mon enceinte pour animé le trajet d’un peu de musique maintenant qu’on ne fera chier que les plantes et les bestioles, quelques cookies et on est reparti les nuages couvrant le soleil comme pour nous donner le top départ.
On mange les kilomètres sans les sentir au rythme de la musique malgré nos sacs qui deviennent de plus en plus lourds. On s’en fout, les paysages sont tellement beaux, marcher sur les routes sinueuses à travers les montagnes est un vrai délice, on s’émerveille devant chaque point de vue où l’on peut admirer la vallée et ses rizières, quel spectacle !
On croise des Népalais qui travaillent le long des routes ou plutôt des chemins, ils essaient d’en faire des routes mais il y a du boulot encore, merci les chaussures de rando de nous faire croire que les routes sont plates !
On voit les femmes porter d’énormes paniers rempli au choix de graviers, de sable ou de plantes arsonnés sur le haut de leur crâne qui nous font relativiser le poids de nos sacs.
Tous nous font de grands sourires et nous saluent « Namaste », certains s’enquiert d’où nous allons, on se rend compte que peu de touristes doivent faire ce chemin pour se rendre à Nagarkot et nous devenons un peu l’attraction des villages, les enfants en particuliers nous regardent avec de grands yeux piqués d’une grande curiosité surtout lorsque nous nous sommes arrêtes près d’une source d’eau pour se rafraîchir et mettre un pansement sur le petit orteil de ma chérie qui arborait une petite ampoule au bout de 4h de marche. Une petite photo avec eux et nous voilà reparti !
Rizières
Rizières
Kids next Door
Parmi le décor « se cachent » des plantes énormes de Cannabis, partout le long des routes, ici comme dirait Perrine, « ça pousse comme la fougère », on comprend vite pourquoi les hippies des années 60 venait au Népal et c’est aussi pourquoi cette plante bien que poussant partout librement au Népal est devenue illégale suite aux abus des occidentaux ne venant quasiment que pour ça, il y a de ça quelques décennies maintenant.
Autre parfum enivrant que celui de l’herbe magique, nous pouvons voir et sentir les immenses fleurs de Datura, une plante dont les immenses fleurs jaunes/orange dégagent un parfum de paradis. C’est un plaisir que d’arpenter ces routes, on se sent privilégié.
Nous croisons la route de quelques insectes haut en couleurs que j’appelle Pokémon, je les capture avec mon téléphone pour agrandir mon Pokédex des créatures hors du commun que nous croisons régulièrement, c’est mon âme d’enfant, fan de bestioles en tout genre qui reprend le dessus lorsque je voyage.
Punzred
Cateryelleyes
Cana-cana
Voici maintenant environ 6h que nous marchons, le sac commence à se faire plus que lourd, les épaules et les hanches ainsi que les jambes souffrent beaucoup, seule la volonté et l’illusion d’un hypothétique taxi au dernier village nous permettent d’avancer avec le sourire sauf que…
On y est, voici le dénivelé interminable qui commence. Autant le plat c’est super, on avance bien sans trop sentir les kilomètres déjà parcouru autant sur les routes défoncées qui grimpent à bien 50%, c’est de quoi nous achever c’est sûr. On passe en mode survie.
On oublie qu’on a mangé en tout et pour tout 7 cookies chacun depuis hier soir (oui on est débile), qu’il nous reste environ 2h de marche en montée et que nos sacs pèsent le poids d’un mort et on monte machinalement la côte sinueuse qui n’en finit plus mais alors plus du toooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooout !
A ce stade la Perrine, ne parle plus, ne répond plus à mes blagues et râle presque lorsque je l’arrête dans sa course pour regarder les paysages somptueux qui s’offrent à nous maintenant que nous sommes assez haut au point d’être au niveau des nuages.
A cette hauteur (2000+m), le soleil commençant à descendre, on assiste à un merveilleux ballet entre nuages, soleil couchant, vallées et montagnes, c’est magnifique à en faire chanter les muets.
C’est beau mais c’est dur !
Perrine in the Valley
Sunset on the mountains
7h de marche environ 25km parcouru, on arrive sur le petit chemin sur google maps qui coupe à travers la forêt/jungle tout droit vers notre point de destination, il nous évite un grand détour passant par le fameux petit village où l’on espère encore un taxi bien qu’ayant croisé que des motos sur cette route défoncée, nos espoirs se font minces mais ils nous font aussi avancer mine de rien.
On s’arrête dix minutes au bord des marches qui s’enfoncent dans la jungle pour respirer, boire, se regarder droit dans les yeux où l’on pouvait lire l’amour, la joie et le terrible J’EN PEUX PLUS JE SOUFFRE ! On est trempé jusqu’aux os de sueur, je pense qu’on n’a jamais sué autant mais aussi qu’on a jamais été aussi content d’être si éprouvé, faut dire que ça vaut le coup d’œil cette route de montagne, l’effort n’est pas vain c’est une certitude.
On gravit les quelques marches et à notre surprise, on arrive sur des cultures, pas de chemin en perspective, le soleil commence à être dangereusement bas, il faudrait arriver avant la nuit !
On fini par s’enfoncer sur ce qui paraît être le chemin sans aucune certitude, est-ce une bonne idée ? Non ça ne l’est pas mais l’idée du détour nous fait pâlir d’avance, on est à bout. Mais au bout d’un bon quart d’heure dans la jungle, le chemin est de moins en moins visible et escarpé, on descend et on sent qu’il faudra remonter à un moment ou un autre et l’idée de se perdre dans la forêt népalaise à la tombée de la nuit nous effraie, on finit par faire demi-tour après avoir croisé les ossements d’une vache visiblement dévorée par on-ne-sait-quoi.
Enfer et damnation, on rebrousse chemin pour reprendre la route qui grimpe sans discontinuer, je ne sens plus mes fesses, Perrine ne sent plus ses hanches, on est bien.
On se met à prier de se faire prendre en stop par n’importe quel véhicule, mais c’est utopique et ils vont tous dans le sens inverse au notre.
Arrivé au petit village où l’on pensait pouvoir peut être trouvé un taxi, je demande à une auberge s’il est possible d’en trouver un et le gérant nous annonce un simple mais dévastateur « Impossible, no taxi here, Nagarkot not far 1h left » oui mais nous ça fait 8h qu’on marche, on est foutu de chez foutu et on sait qu’on a pas le choix d’arriver à notre destination car l’hôtel vient de nous appeler savoir si nous venions toujours car il se fait 18h et nous n’y somme toujours pas…
Cette dernière heure nous paraît inteeeeeeeeerminable, ça y est on est arrivé au point où ce n’est plus franchement amusant, ça monte toujours, sans arrêt, nos sacs pèsent le poids du monde, on songe même à les jeter sur le bord de la route mais miracle ! On trouve un hôtel perdu à environ 1 ou 2km du nôtre avec des voitures stationnées devant.
On se dit qui ne tente rien n’a rien, je vais essayer de demander un ride jusqu’à notre hôtel quitte à payer, à ce stade, c’est ça ou on meurt dans nos têtes.
Un couple de népalais s’apprête à monter dans leur 4×4 juste devant moi, je leur demande alors s’ils vont vers notre hôtel et oui, il y vont et acceptent de nous prendre avec eux, il faut dire que vu nos tronches de bout de la vie, c’était difficile de nous laisser là !
Pas vraiment jusqu’à notre hôtel mais même 100m de moins à parcourir sur cette maudite route (oui parce que ça y est, elle est maudite pour nous au bout de 9h), ils acceptent de nous emmener jusqu’à Nagarkot où se trouve notre hôtel car eux même sont à la recherche d’un endroit où dormir et qu’il y a pas mal d’hôtels autours du notre.
Ce sont nos héros, on fait les dix dernières minutes dans leurs voitures sur des routes étroites et escarpées où lorsque deux voitures se croisent c’est un peu comme si l’on voyait notre vie défilée étant persuadé que nous allions finir dans le ravin.
Les népalais conduisent avec une précision hors du commun sur ces petites routes, c’est très impressionant, les voitures passent à un millimètre les unes des autres et du vide également. Ca fait assez peur mine de rien, on a fait la même en bus pour repartir de Nagarkot à Bhaktapur, c’était encore pire vu la taille du bus mais on vous racontera ça plus tard.
Nous voilà arrivés à l’hôtel, exténués, des douleurs partout, on sent plus nos épaules, fesses et hanches mais surtout nos pieds. Pauvres pieds tout écrasés dans nos grosses chaussures, marcher est un supplice, certains de nos orteils enrobés de pansements pour les ampoules, on a survécu et on y est, il est temps de retirer nos habits, aller sous la douche (huuuum ouiii une douche, mais quel luxe après cette marche) puis de manger même si nos ventres tellement vides ne sentent plus vraiment la faim.
Petite anecdote rigolote : Lorsque Perrine enleva ses chaussures et chaussettes, je vois un petit truc noir tomber sur la moquette… mais qu’est ce donc ? Oh ! Mais ça bouge !
Bordel ! C’est une sangsue, un petit ver noir avec juste un bouche cauchemardesque !!! Elle s’est surement faufilée lorsque nous avons mis son pansement ou lors du petit raccourci (qui n’en était pas un) à travers la forêt…
Grosse et dodue (10 bon centimètres de long pour 2cm de large) elle avait eu le temps de bien pomper Perrine qui nous tartinera le sol de la douche avec son sang coulant à flot de la si petite plaie que lui à faite la sangsue.
Nous voilà propre, marchant sur des œufs tellement nos pieds nous font mal, un bon repas servi qu’on peine à manger tellement nos corps se sont conditionnés pour l’interminable marche, direction le lit pour s’écrouler de fatigue, satisfaits et fiers de notre performance.
Notre équipe du tonnerre à tenu bon avec le sourire sur plus des trois quarts de la randonnée, des paysages pleins les yeux, pleins la tête, on est heureux, perché sur notre flanc de montagne dans notre chambre, ravi d’être arrivé et d’avoir pris trois jours mérités pour se remettre de cette expédition dans le calme et la sérénité que peuvent offrir les vallées et montagnes de Nagarkot dont les levés de soleil sont célèbres et pour s’être levé ensuite à 5h du matin pour en profiter nous on fait réaliser la chance que nous avions d’être là.
A vous les studios !
Max, barbu de 1ère classe.
Rando autour de Nagarkot
Sunrise on Nagarkot
Sunrise on Nagarkot